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Un été à Pau : regarde le poisson solidaire Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Jean Ortiz   
16-07-2013

Tout l'été, notre chroniqueur Jean Ortiz balade sa plume à travers la cité paloise pour une série de cartes postales impressionnistes de la France en lutte. Aujourd'hui, Anne-Marie : "Le gave, je l'aime... Il a nourri tant et tant de petite gens".

A Mirepeix, Anne-Marie y vit et milite, comme le poisson dans son eau. Mirepeix : d'aucuns disent que le nom signifie «  regarde le poisson », "mire pisci", en latin. Souvenir du temps où le gave (torrent pyrénéen) regorgeait de truites et même de saumons. Le gave fournissait aussi de l'énergie. Canalisé, il alimentait depuis le 18ème siècle des usines textile, des moulins à foulon, où ont été fabriqués jusqu'à il y a 50 ans, linge basque et bérets béarnais. Les usines ont disparu, le canal est resté.

Ce gave, Anne Marie l'aime...Il  a nourri tant et tant de petites gens, se révolte par gros temps, et ses colères sont terribles. La militante raconte: "Mirepeix, c'est une partie haute et une partie basse : « La Bareilhe » : la salle des sports y accueille le club de basket et avec lui de nombreux jeunes du village et des alentours. (Club d'ailleurs créé par la jeunesse communiste après la guerre, mais ça tout le monde ou presque l'a oublié). Le dimanche ce sont les promeneurs, les familles, la convivialité.

Un premier lotissement a été créé , dans la partie basse, à Mirepeix .C'était il y a 32 ans. Une population le plus souvent modeste s'est installée. Des dizaines d'années pour payer un simple chez soi, mais bien à soi. Il n'y a jamais eu de souci. Il y a une dizaine d'années, lorsque des promoteurs ont voulu construire le "lotissement de Pyrène", à Nay, toujours au bord du gave, nous avons émis un avis défavorable ; l'ancienne municipalité avait même refusé le permis de construire, les anciens ont toujours vu ce champ inondé. La mairie de Mirepeix a émis des réserves, et demandé que le mur protégeant du canal soit surélevé... Le permis de construire a quand même été donné".

Et le 19 juin, le mur a cédé, le canal et le gave ont débordé.

Ils ont pénétré furieusement dans le lotissement, entrainant vers les maisons un flot de sable et de boue; il a stagné dans les rez-de-chaussée. Le niveau de boue atteignait souvent jusqu'à 1 mètre de hauteur. Et puis toujours le 19 juin, dans la journée, c'est une autre colère qui s'est déclenchée, une colère faite de solidarité, de fraternité, un extraordinaire mouvement à rendre ridicules tous les analystes autorisés qui dépeignent une société d'individualisme et d'égoïsme. Un extraordinaire mouvement qui a commencé avec la Mairie de Mirepeix : elle a ouvert son Centre de rencontre et prévu, dès le premier jour, petits déjeuners et repas. Le réconfort par la brioche et le chocolat, ce n'est pas négligeable. "Et puis, témoigne émue la militante communiste, encore un autre flot, celui des habitants du village qui proposent qui un petit studio, qui une ou deux chambres, des volontaires prêts à héberger, à réconforter, à donner un peu de la chaleur d'un foyer et  la stabilité de ce qui pourrait être une amitié naissante.


Le lendemain, c'est un autre déluge : armés de pelles , de bottes de cirés ou de K.Way ( car la pluie continuait de tomber), des pompiers volontaires de tout le département , des anciens sinistrés qui ont quitté le Lot-et-Garonne à 6 heures du matin pour venir aider, tant ils se souvenaient du réconfort qu'ils avaient reçu chez eux en pareilles circonstances; et aussi des gens du village, des volontaires alertés par la presse et les radios locales, 30 compagnons d'Emmaüs, venus du village de Lescar-Pau...

Pendant plusieurs jours, les maisons ont été nettoyées par des dizaines de bénévoles qui entraient  en proposant leur aide. Dans les foyers de Mirepeix et des villages à l'entour,  les machines à laver et autres sèche-linge ont tourné à plein régime . L'eau, en pénétrant dans les maisons, n'a évidemment pas épargné les armoires : le linge, bien plié, trempait dans l'eau et dans la boue. Les sacs remplis de linge mouillé ont atterri dans les foyers, puis sont revenus chez leur propriétaire lavé, séché et repassé. Bon, d'accord, quelques chaussettes ont fait preuve d'indépendance et en ont profité pour changer de propriétaire !

Les champions dans ce domaine ont été les parents d'élèves de l'école, le hall faisant office de plaque tournante du lavage du linge.
Et puis, c'est le Secours populaire qui est entré en action, en gérant depuis la mairie la répartition des dons (meubles, électroménager) stockés dans un grand local mis à disposition par la commune voisine de Boeil-Bezing, organisant la recherche de locations transitoires.

De nombreuses familles ont accueilli des sinistrés.

Pierre et Hélène ont été contactés par la mairie pour héberger Didier. Puis c'est Robert qui est arrivé. Repas improvisé le premier soir, ambiance un peu tendue, traumatisme, inquiétude, sensation (bien réelle,  hélas , de tout une vie effacée, d'un recommencement), inconnu et questions sur "ces   gens qui en accueillent d'autres qu'ils ne connaissent pas. ».

Au fil des jours, l'atmosphère s'est détendue, et on a partagé les pâtés et confits « sauvés des eaux ». On donne, on reçoit, c'est ça la véritable solidarité. Depuis, avec la sérénité revenue, chacun a trouvé une solution provisoire, location d'un meublé, le temps que les travaux soient effectués... Ce sera long. Il faudra casser des cloisons, reconstruire. Mais les liens qui se sont créés seront difficiles à défaire.

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