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Réflexions sur la gauche anti libérale Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par André Narritsens   
30-12-2006

Quelques réflexions éparses sur la situation


La situation que nous traversons est difficile. Beaucoup de questions se bousculent dans la tête de chacun. Elles concernent au fond des dimensions stratégiques qui se présentent très souvent encore ensevelies sous l’événementiel immédiat. Le fait a pour conséquence d’hypertrophier certaines données, de conférer à des éléments subjectifs, souvent liés à l’affectif, une place disproportionnée, d’en déplacer dans une dimension secondaire d’autres qui ont pourtant une importance essentielle,. Comment réussir à ordonner les questions qui se posent d’une manière ou d’une autre dans une dimension fondamentale, comment établir une articulation logique entre les diverses composantes de la situation que nous rencontrons ?
Les réflexions qui suivent poursuivent un objectif modeste. Elles ne visent pas à une quelconque exhaustivité. Elles se présentent comme une succession de notations dont l’addition et la combinaison peuvent, je l’espère, contribuer à nourrir un débat qui doit nécessairement se poursuivre en relation avec l’action.
J’ajoute que n’ayant pas sous la main les documents de la période, ce qui est écrit repose sur ma seule mémoire. C’est à la fois un inconvénient et un avantage. Un inconvénient parce que les chronologies et le renvoi précis à des documents sont très importants et qu’un dérapage à ce propos peut conduire à des contresens ; un avantage parce que la situation m'installe dans une relation plus subjectif par rapport aux questions soulevées et se situe sans doute mieux dans la perception que chacun de nous a par rapport aux événements de la période.
Il s’agit donc d’un premier jet qui demandera beaucoup de rectifications.

1 – La question du rassemblement anti libéral en vue d’une transformation sociale
Il s’agit là de la question stratégique fondamentale surgie de l’expérience de plus de trois décennies d’action politique. Je ne m’attarderai pas sur les éléments aujourd’hui bien établis de la crise stratégique à laquelle le mouvement révolutionnaire a été confronté au cours de cette période. Le renversement du rapport des forces au sein de la gauche au bénéfice des forces réformistes progressivement gagnées au social libéralisme, dans le contexte d’une crise structurelle très longue du capitalisme ayant bouleversé le salariat ancien et provoqué la dislocation des repères de classe conquis depuis la deuxième révolution industrielle, s’est traduit par une grave panne stratégique. Le parti communiste qui, en France, a porté l’ambition de transformation sociale a été la principale victime de cette époque. Confronté à la disparition de ses références internationales il a effectué un long et difficile travail critique et autocritique qui l’a conduit à reconsidérer sa fonction dans la société, a abandonner la représentation qu’il se faisait de lui-même comme parti d’avant-garde et à penser le mouvement vers le communisme comme un processus dégagé des stratégies de dictature du prolétariat. Il existe sur ces questions une très vaste « littérature » hélas trop peu connue mais qui exprime, pour peu que l’on fasse l’effort d’en prendre connaissance, un assez formidable corpus de réflexion politique.
Au cœur de celle-ci figure la question du regroupement de forces (de classes et couches sociales) sur une ligne d’action transformatrice. Cette ligne encore théorique s’est trouvée confrontée à des écueils multiples que la période dite de « gauche plurielle » a révélé en leur fondement. Cette période a, en effet, été fondamentalement construite sur la base des modèles stratégiques anciens, nés du Front populaire, et qui ont constamment marqué la conception même des méthodes et moyens d’un changement à accomplir.
Au lendemain de la défaite de l’expérience de « gauche plurielle » et de la secousse de la présidentielle la fameuse question des leçons à tirer a été posée, théoriquement d’abord, en termes de concrétisation pratique ensuite.
La démarche dite des « forums » a été engagée sans parvenir à s’enraciner vraiment. La bataille contre le TCE a considérablement modifié la donne en accélérant la concrétisation de possibles jusque là seulement pensés théoriquement. Dans le contexte bien particulier d’une action politique organisée autour d’une logique référendaire, un immense travail politique s’est progressivement engagé, fondé sur une lutte idéologique de haute intensité et de très grande qualité.
Cette bataille a mis en mouvement des forces diverses, issues de traditions politiques différentes. Elle s’est accompagnée de la création d’organes de travail unitaires qui, sur une dimension ciblée n’étaient, au fond, autres que la concrétisation de l’ambition des forums. Cette construction organisée s’est caractérisée par une forte souplesse et s’est traduite par une grande hétérogénéité de formes et de contenus. Elle a expérimenté de nouveaux outils de travail politique et idéologique. Cette démarche a été validée par le rejet du TCE.
Par delà ce résultat se posait la question de la poursuite de la lutte sur un terrain plus complexe, celui de la lutte politique contre le libéralisme et pour la transformation sociale. Question a bien des égards redoutable dès lors qu’elle se pose dans des termes qui excluent l’échec.
Sans doute l’illusion a t’elle régné un moment que sur la base de l’élan donné l’affaire allait prendre corps d’elle-même. Les luttes sociales de la période délivraient cependant un message plus contrasté ainsi que l’ont montré les batailles contre la réforme des retraites et le CPE.
En tout cas la problématique du rassemblement s’est installée comme une hypothèse de travail politique réalisable et s’est inscrite dans une dimension anti-libérale (autrement dit susceptible de regrouper un arc de forces très diverses) même si d’aucuns ont soulevé la question juste de l’anti capitalisme (il y a eu sur ce point un texte de JC Delaunay dans L'Humanité qui mérite d’être relu.

2 - Les modalités concrètes du rassemblement (première période)
Les collectifs du « Non » ont connu, au lendemain de la victoire contre le TCE, des destins divers. Certains (combien?) ont cessé de fonctionner, d’autres ont décidé de poursuivre leur activité en vue des échéances politiques à venir. Il en est résulté un premier appel qui a constitué le socle élémentaire du rassemblement. Le Parti communiste a (date) décidé de rejoindre cette démarche et s’est donc retrouvé associé à d’autres forces politiques et sensibilités incarnées par des personnalités ayant joué un rôle important dans la bataille contre le TCE. Ce rassemblement a donc été le produit de la bataille antérieure et s’est installé sous une représentation organisée combinant un niveau national exprimant le regroupement dont il a été fait état et un réseau de Collectifs progressivement en extension.
Cette combinaison devait pour fonctionner se fixer des règles qui furent dans un premier temps trouvées et se révélèrent efficaces. Le niveau national fonctionnait de fait (me semble t’il) comme le cœur du dispositif, ayant un rôle propulseur dans la réflexion et une capacité de traitement des propositions des Collectifs. La phase délicate d’élaboration du programme s’est réalisée dans ces conditions. Ce ne fut pas (on a tendance à trop l’oublier aujourd’hui) une affaire simple. D’importantes divergences existaient sur des sujets cruciaux (questions sociales, conceptions du développement, énergie, nucléaire civil et militaire…). Ces divergences furent résolues. De surcroît les documents résultant de cette période se sont définis comme ouverts, susceptibles de révision, de compléments… à élaborer dans le cadre d’une réflexion conduite dans le cadre d’un débat collectif à ne jamais relâcher1.
Cette expérience de débat et d’élaboration a incontestablement produit de la confiance. Ne détenait-on point des modalités nouvelles de travail collectif capables de surmonter les cultures anciennes d’affrontement sur des questions à propos desquelles s’exprimaient régulièrement des positions peu susceptibles d’être confrontées en vue du dépassement des divergences ?

3 – L’entrée en crise du fonctionnement du rassemblement : l’impossible consensus
Tous les débats récents ont tourné autour du thème du consensus et plus précisément d’un double consensus renvoyant à la dualité organisée du rassemblement : le Collectif national et les Collectifs.
Je ne dispose pas de la documentation nécessaire à la datation précise de l’émergence de la notion de double consensus, mais crois me souvenir qu’elle a surgi à l’occasion de la proposition de José Bové concernant l’organisation de primaires. Autrement dit la consultation (sur le modèle italien) du corps électoral auto défini à même de décider de la candidature anti libérale à l’élection présidentielle.
Or, les méthodes d’élaboration jusqu’alors mises en œuvre et qui s’étaient avérées efficaces allaient se révéler incapables de trancher une question imposée par le fonctionnement même de l’élection présidentielle. Autrement dit la logique institutionnelle bourgeoise faisait irruption dans un débat jusque là inscrit sous une logique différente et perturbait celle-ci, en raison de la personnalisation symbolique qu’elle impliquait. On verra que cette donnée, au fond très représentative de l’ambiguïté résultant du fait d’inscrire la démarche dans un système que l’on condamne, s’avérera de grande conséquence politique et révélera in fine des divergences stratégiques très fortes.
Revenons aux origines du double consensus. La proposition d’organiser des primaires fut à peu près complètement rejetée par toutes les composantes du rassemblement qui soulevaient par delà des interrogations sur la capacité de mener à bien une telle opération sans y être culturellement préparés une crainte, peu explicités mais bien réelle, de voir un scrutin de ce type réalisé dans un contexte de déséquilibre des forces militantes tel que le PCF aurait de facto bénéficié d’un avantage à peu près certain.
Le double consensus a résulté de cette crainte. Il exprimait le souci de parvenir, comme on l’avait fait pour le programme et le texte d’orientation, à un accord partagé.
Expérience faite, il faut dire quelques mots du consensus. Dans une tribune libre publiée dans L’Humanité du 20 décembre, Marie-Thérèse Martinelli a dit des choses importantes à ce propos. Elle note d’emblée que si « tout le mode parle de la méthode du consensus, personne ne dit comment on y arrive ». Se référant à son expérience de la Marche mondiale des femmes, elle montre que la méthode du consensus si elle peut s’avérer utile dans le cadre de l’organisation de réflexions (à la condition que soient précisés les lieux et modalités de débat) elle ne peut guère s’appliquer en matière d’action2. MT Maribelli note qu’il « faut beaucoup de temps, beaucoup de volonté d’avancer » et qu’en situation d’urgence, « les allers-retours du « local au global » sont forcément limités. Le rapport de forces s’installe alors. Le vote s’avère alors la seule solution pour sortir de l’impasse. Le consensus a ses limites, c’est une méthode de travail, ce ne peut être un dogme »
Avec le recul je pense que l’installation du fonctionnement dans une logique de consensus a procédé d’un calcul politique. Si la tendance à considérer que la dynamique unitaire emporterait tous les obstacles l’a sans doute emporté au sein de la direction du Parti communiste (ce qui, la suite des événements le montrera a constitué une grosse faute politique) je ne puis m’empêcher de penser que les conséquences possibles de la logique du consensus étaient beaucoup mieux maîtrisée par les partenaires du PC dans l’alliance. Beaucoup d’entre eux avaient une expérience concrète du consensus ayant présidé à la première phase d’ATTAC et ne pouvaient se raconter d’histoires à ce propos. Certains, syndicalistes issus de l’ancienne opposition de gauche de la CFDT et entretenant ou ayant entretenu, par des canaux divers, des liens assez étroits avec les fondateurs de SUD-PTT puis avec des dirigeants du G 10-Solidaires n’ignoraient rien des conséquences de la logique du consensus dans le champ pratique. Solidaires fonctionne en effet selon une logique de cartel : chaque syndicat adhérent compte pour une voix quelle que soit sa taille et dispose d’un droit de veto. Solidaires ne considère le consensus acquit que s’il y a unanimité. Cette situation a conduit Solidaires à n’avoir pas de position sur le TCE, à ne pas s’exprimer sur les sans-papiers ou sur le droit de vote des résidents étrangers, d’être silencieux sur bien des questions d’ordre intérieur ou international.
L’expérience de Solidaires étant connue pour les conséquences qu’elle provoque dans le champ de l’action politique, comment, s’étonner du blocage survenu à l’occasion du débat sur la candidature à la présidentielle ? Comment s’étonner des interrogations fondamentales sur la démocratie qui sont apparues au cours de la phase de crise ?
De très curieuses positions se sont exprimées à ce propos en raison notamment de la contradiction surgie du vote des Collectifs et des positions des organisations et sensibilités3.
La thématique d’un consensus (autrement dit d’un accord partagé - à l’unanimité ? - par les diverses parties) construit à partir d’un des deux niveaux les plus faibles du suffrage (1/7e des votants) a ainsi émergé fortement. Elle impliquait le renoncement à la prise en considération du suffrage le plus haut (6/10e). La réunion nationale des Collectifs des 9 et 10 décembre a porté ce raisonnement à l’incandescence, provoquant d’insupportables tensions de salle et l’expression explicite d’un consensus réduit à l’exercice d’un droit de veto. C’est en tout cas ainsi que j’ai compris le fondement de l’impossible dialogue de l’Ile-de-Vannes.
A ce propos je dois dire que j’ai eu le sentiment d’avoir été victime d’une authentique escroquerie morale dans la mesure ou rien dans la méthode de débat sur les candidatures n’existait quant à un a priori (une interdiction d’examen plutôt) concernant les responsabilités politiques d’un candidat. En fait cet oukase est apparu à la veille de la consultation des Collectifs. Il s’agissait d’interdire la prise en compte de la candidature de MG Buffet dont personne n’avait pourtant contesté le fait qu’elle puisse être candidate (ce qui aurait contredit le fond même de la méthode de débat… définie au consensus). Le lancement de la pétition « Urgence » du 28 novembre (à laquelle se sont associés deux candidats) avait ouvert la voie à cette logique et a constitué pour le moins une faute politique d’importance capitale voire une provocation.
Dès lors la thématique du consensus et cette du principe majoritaire ne pouvaient que se heurter. Je ne reviens pas sur les observations très pertinentes de MT Martinelli sur ce point qui résument très bien l’impasse à laquelle conduisaient les circonstances d’une situation d’urgence.
Ceci dit, que convenait-il de faire au soir du 10 décembre ?

4 – Comment lever le blocage ?
Dans la matinée du dimanche 10 décembre, deux propositions ont été formulées alors même que chacun des candidats déclarés maintenait sa candidature.
La première fut formulée par Claude Debons en son nom personnel (je crois) qui proposait que la direction du Parti propose la candidature d’un militant communiste avant tout issu du mouvement social. Cette proposition (que Claude Debons tenta en vain de soumettre au vote) prenait en compte le vote majoritaire sur le nom de MG Buffet, actait de la prévalence d’une sensibilité communiste au sein des Collectifs et transférait à la direction du Parti la responsabilité de prendre en considération l’interdit (surgi dans les conditions évoquées) concernant la candidature de Marie-George.
La seconde fut formulée par Patrice Cohen-Seat qui proposait aux Collectifs de confirmer ou d’infirmer leur premier vote.
Il est résulté de ces deux propositions, au terme d’une réunion du Collectif national, la proposition de reconsulter les Collectifs sur la base des anciennes candidatures auxquelles s’ajoutaient celles de JL Mélenchon, de C. Debons et d’un militant communiste innommé, avant tout issu du mouvement social.
Un bulletin de consultation des Collectifs sera rédigé en ce sens le mardi 12 décembre je crois.
La question posée aux communistes était complexe. La candidature de MG Buffer n’était pas comme les autres auto proclamée mais validée par un vote des membres du Parti. Il convenait donc de les consulter à nouveau pour savoir s’ils acceptaient ou non de prendre en considération l’interdiction de candidature de Marie-George.
Un autre problème se posait à eux en raison de la proposition formulée par Claude Debons. On le sait, dans le Parti, à divers niveaux (militants, sections, Fédérations, Conseil national) la possibilité d’une candidature de Francis Wurtz a été examinée. Francis a fait connaître qu’il n’entrerait aucunement dans une construction qui combattrait la candidature de Marie-George et, qu’en tout état de cause, les communistes devraient être consultés.
Dans sa réunion des 15 et 16 décembre le Conseil national du Parti a décidé de consulter les militants sur la seule question du maintien ou du retrait de Marie-George. J’ai considéré à ce moment que l’option de la candidature de F. Wurtz aurait dû aussi figurer sur le bulletin et ai regretté qu’elle n’y figurât pas. J’aurai, dans ce cas voté tout à la fois pour le maintien de la candidature de Marie-George et pour la présentation de la candidature de F. Wurtz. On pouvait en effet imaginer que tous deux pouvaient faire partie de la candidature collective4, F. Wurtz figurant sur le bulletin de vote.
S’agissant de la réunion du 19 décembre je ne dispose que du compte rendu rédigé par la délégation du Parti communiste. Je n’ai pas connaissance d’un procès-verbal du Collectif national lui-même et considère donc qu’il n’en existe pas ce qui, en soi, constitue un problème (ce point mérite d’être vérifié). Je puise donc mes informations sur le seul document qui me soit connu.
Que s’est-il passé le 19 décembre ? La délégation du Parti participant aux réunions des organisations et sensibilités (18 décembre) et du Collectif national (19 décembre) a demandé si la candidature de F. Wurtz pouvait constituer un point d’accord et, si tel était le cas, le bulletin de vote soumis aux communistes serait modifié dans la nuit. Seuls le MARS et la Gauche républicaine ont dit oui. Convergence citoyenne a subordonné l’examen de l’hypothèse au retrait préalable de la candidature de MG Buffer et a la présentation officielle de la candidature de F. Wurtz. La minorité de la LCR paraît s’être inscrite sous la même logique. Les autres organisations ont eu des attitudes partagées (Alternatifs) ou hostiles (Objecteurs de croissance et Alterékolo ont confirmé défendre une candidature de José Bové). Le PRS a indiqué souhaiter la candidature de JL Mélenchon pour une construction politique à l’allemande, JL Mélenchon jouant dans cette hypothèse le rôle d’Oscar Lafontaine (Linkspartei).
Ces prises de position avaient pour effet d’interdire, si l’on se maintenait dans la logique dite du consensus, une solution. D’ailleurs, au terme de la réunion le PRS a déclaré quitter le Collectif et Alterékolo de passer au statut d’observateur (notons que Francine Bavay vient de réintégrer la direction nationale des Verts.
Le Collectif national, toujours inscrit dans la logique du consensus, ne pouvait que constater l’inexistence d’un accord sur la proposition Wurtz. Le Parti communiste n’a donc pu modifier le bulletin de vote et il est résulté de cette situation une conséquence majeure : 80% des communistes ont voté en faveur du maintien de la candidature de MG Buffet.
Notons, cependant, pour être tout à fait complet (en l’état de mes sources) qu’un « Appel pour un compromis sur la candidature de Francis Wurtz », signé de C. Autain, P. Braouzec, C. Debons et Y. Salesse a été diffusé aux Collectifs le 20 décembre (jour de la consultation des communistes) à 10h 15 pour que les Collectifs vérifient le plus vite possible si cette proposition pouvait faire consensus en leur sein. Je ne sais quelle suite concrète a été donnée à cette proposition et si elle demeure aujourd’hui valable.
Je ne dispose pas non plus d’éléments concernant les réunions des Collectifs et des positions qu’ils ont exprimées sur la consultation décidée sur le dépassement du blocage.
Telle est aujourd’hui la situation qui se traduit par une entrée en campagne de Marie-George et la convocation d’une nouvelle assemblée nationale des Collectifs les 20 et 21 janvier prochain à l’initiative d’une partie du Collectif national.
Les premiers jours de janvier nous éclaireront sans doute sur les évolutions que cette situation peut connaître. La perspective de la poursuite du rassemblement par delà la présidentielle peut-elle être maintenue pour les législatives (c’est la position du PCF) ? Une déclaration de porte paroles du Collectif national indique pour sa part  le souci de ne pas dilapider les acquis de ce qui a été réalisé en commun.

5 – Quelques réflexions complémentaires
L’épisode de la candidature, par delà ses caractéristiques conjoncturelles me paraît soulever quelques questions fondamentales. Je les synthétise ci-après.
Je pense que d’une manière non explicitée, mais latente et exacerbée dans des conditions singulières, est posée la question de l’organisation politique à même de conduire la transformation sociale. J’entends par organisation politique, l’instrument de travail sur la société. Je l’ai rappelé, en France, historiquement l’action révolutionnaire a été portée par le Parti communiste. Celui-ci, d’essence originaire léniniste, tirant les leçons de sa propre histoire et des expériences du mouvement communiste international a profondément évolué. Cette évolution ne l’a pas conduit à renoncer aux buts révolutionnaires mais à les penser de manière renouvelée. La stratégie du rassemblement anti libéral participe de cette réflexion. Ce n’est pas une démarche de circonstance.
La question du rassemblement se pose bien sûr en termes de classe et de classes. Les prolétaires sont toujours là. Chaque jour la plus-value est extorquée. Les logiques de l’armée de réserve se déploient à fond. Les questions de l’internationalisme sont urgentes et cruciales… Dans le même temps la représentativité de classe du Parti s’est affaiblie sans disparaître potentiellement.
D’autres forces existent, réduite en nombre mais non négligeables au niveau des idées. Le rassemblement sur le programme anti libéral confirme la possibilité de faire converger tout cela sur l’essentiel.
Dans le même temps se heurtent des cultures politiques très différentes. J’ai été très frappé par le fait que la composition sociologique de l’Ile-de-Vannes (c’est un sentiment) était très représentative de souches sociales « petites-bourgeoises » engagées depuis longtemps dans des combats politiques. Le courant chrétien (de gauche) est présent et se confond souvent avec l’ancienne opposition de gauche de la CFDT, de nombreux anciens gauchistes (trotskystes notamment), ayant tourné la page d’engagements sectaires, sont également mobilisés. Des anciens communistes sont également là. Tous ces militants ou équipes militantes ont, ces dernières années, souvent participé au mouvement altermondialiste, à l’essor d’ATTAC (dont ils refluent aujourd’hui en raison de la crise qui traverse la structure) et se retrouvent dans les collectifs anti libéraux sur la même logique qui les a mobilisé il y a peu.
Du point de vue idéologique ces composantes idéologiques du rassemblement ont, en règle générale, des contentieux forts avec le Parti communiste. Ils ont certes lutté en convergence avec lui sur bien des questions mais conservent du Parti une vision ancienne. Je suis très frappé par le fait (de nombreuses conversations me renseignent sur ce point) qu’ils méconnaissent pour la plupart le Parti tel qu’il est aujourd’hui. Les références théoriques marxistes sont peu présentes au profit de références théoriques composites qui accueillent beaucoup d’influences issues notamment de la dernière période de Pierre Bourdieu. Ces composantes idéologico-politiques raisonnent très souvent en termes de rapports de forces (c’est le trait partagé de trajets politiques la plupart du temps réalisés dans des logiques de luttes internes) et comme celui-ci ne leur a pas été favorable lors de la discussion sur la candidature à la présidentielle elles ont trouvé la parade du désormais fameux double consensus, considérant de fait que le PCF constituait en lui-même un obstacle historique.
Je crois que le débat sur les formes politiques capables d’organiser et de réussir la transformation sociale doit s’ouvrir au grand jour. Si certains considèrent que le Parti communiste représente une forme politique dépassée il faut qu’ils le disent et l’écrivent5. Les recompositions politiques à gauche ont, pour l’heure, toutes échoué. Les forces avec lesquelles les communistes ont entrepris de travailler sont numériquement très faibles et divisées entre elles. Il revient, je le crois, au Parti communiste de briser cet émiettement et cette impuissance. Il doit pour ce faire réaliser encore beaucoup d’efforts sur lui même, mieux expliciter ses conceptions stratégiques dans la pratique et cela peut prendre du temps alors que l’urgence (sociale et politique) est là.
On ne s’en sortira pas, en tout cas, par une mise à l’écart du Parti ou sa réduction à une troupe encore organisée et capable d’efficacité militantes.
« L’avenir nous appartient », n’est-ce pas ?
André Narritsens,
militant PCF, Collectif  Aubervilliers,
Cités Maladrerie/ Emile Dubois
Nay, 25-27 décembre 2006
 
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